La Légion Sogdienne



Il fallait maintenant trouver un nom pour ce groupe de mercenaires dont le recrutement était déjà en cours grâce à l'initiative des chefs de guerre. Ces derniers attiraient les futures recrues avec la promesse d'une rémunération honorable et d'une vie d'aventures. Nous nous attelâmes activement à la tâche de rassembler des volontaires, visitant les villages tadjiks où vivaient de nombreux Wakhis. Pendant que je parcourais la campagne tadjike, Ouldarai opérait en Ouzbékistan tandis que Choegya mobilisait au Kirghizstan.
Quelques uns, parmi les plus zélés, étaient de véritables dévots pensant rejoindre une armée de croisés destinée à restaurer la foi bouddhiste en Afghanistan.
En cette fin de matinée, j'avais rassemblé de nombreux contingents de légionnaires au centre de la ville de Kulob, connue pour son immense mausolée dressé sur un socle pyramidal. Depuis ce point de vue, je surplombais de quelques mètres la centaine de légionnaires rassemblés le long d'une vaste avenue bordée de jardins. Alors que je les observais, je repensais aux délibérations de la veille concernant le nom de notre armée.
La plupart de nos combattants provenaient des quatre coins du Ferghana : Ouzbeks, Tadjiks, Kirghiz. Je me remémorais que la région englobant l'actuel Turkménistan oriental, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan occidental avait été connue sous le nom de Sogdiane à l'époque d'Alexandre le Grand, qui avait étendu son empire jusqu'à ces terres lointaines.
En hommage à cette période glorieuse, je décidais de baptiser notre armée «Légion Sogdienne« et annonçais à la foule leur incorporation et leur déploiement imminent en Afghanistan. Cette nouvelle inspira et galvanisa les troupes, tous les légionnaires que nous recrutions étaient des cavaliers hors pair, maîtrisant l’art de la guerre et de la monte.
Nombre d’entre eux avaient pris leur distance avec l’islam et affichaient une grande curiosité pour le bouddhisme. Quelques uns, parmi les plus zélés, étaient de véritables dévots pensant rejoindre une armée de croisés destinée à restaurer la foi bouddhiste en Afghanistan.
Je fus surpris de découvrir parmi les nouvelles recrues des mercenaires mongols, ainsi que des Ouïgours fuyant la tyrannie, et même quelques aumôniers tibétains déterminés à convertir ces guerriers en croisés de la foi bouddhiste. Cette diversité et les motivations variées des recrues ajoutaient une complexité considérable à notre légion. À Kulob, les légionnaires formaient une mosaïque de personnalités sombres et torturées : des bandits en quête de rédemption, des déserteurs qui fuyaient leur passé, et des criminels aspirant à une nouvelle existence empreinte de violence et de chaos.
Seuls quelques Tibétains et Kirghizes avaient étudié le bouddhisme et se proposaient d'officier en tant qu'aumôniers. La plupart de ces cavaliers avaient une formation militaire rudimentaire, mais la plupart étaient déjà des combattants expérimentés, habitués aux rigueurs de la vie nomade et à la dureté des terres sauvages. Ces compétences étaient essentielles pour soutenir la cohésion et le moral des troupes, une qualité que je recherchais ardemment parmi ceux que je promouvais au rang d'officier dans notre légion.
Cependant, la plupart des individus que j’avais promus au rang d’officier au sein de la Légion Sogdienne s'avéraient souvent indignes de leur titre. Seul Gunnar se distinguait : aide de camp d’Ouldarai, cavalier infatigable et peu loquace, il avait été placé à la tête d’un régiment de Kirghiz en raison de son expérience au combat.
Parmi les recrues, seuls quelques Tibétains et Kirghizes avaient étudié le bouddhisme et se proposaient d'officier en tant qu'aumôniers. Bien que la plupart des cavaliers n'aient bénéficié que d'une formation militaire rudimentaire, ils étaient des combattants expérimentés, aguerris aux rigueurs de la vie nomade.
Ces compétences, cruciales pour maintenir la cohésion et le moral des troupes, étaient des qualités que je valorisais particulièrement chez ceux qui étaient promu au rang d'officier dans notre légion. Toutefois, beaucoup de ceux que j'avais élevés à ce statut se révélaient souvent indignes de leur titre. Seul Choegya faisait exception à la règle : compagnon de route de la première heure, il s'était illustré par son expérience au combat et avait été nommé à la tête d’un régiment de Kirghiz.
Depuis sa nomination comme officier, Choegya avait cessé de boire et de fumer, il allait jusqu’à punir sévèrement tous ceux qui étaient surpris en état d'ébriété. Il destituait les soldats pris en faute de leurs fonctions et les menaçait de les envoyer en première ligne dès le début des combats. Cette rigueur imposée avait un impact visible, non seulement sur les troupes mais aussi sur les habitants de la région qui nous observaient avec une certaine appréhension. À leurs yeux, nous n'étions qu'une bande de soudards et de brutes épaisses, destinés à mourir sous les balles des soldats talibans. Ils étaient impatients de nous voir partir. En effet, notre légion était si impressionnante que l'armée tadjike, complètement dépassée, renonça à essayer de nous disperser.