Bâmiyân.

Les Venelles de Gulmit

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Antoine Stevenson
Antoine Stevenson

J’étais frappé par le silence qui régnait dans le dédale des venelles sinueuses de Gulmit. Seuls quelques moteurs de rickshaws et le bourdonnement des rares véhicules venaient briser la quiétude des lieux. En longeant la route, je passai devant des bâtiments aux façades décorées. Les enseignes des échoppes, tantôt en urdu, tantôt en anglais, rivalisaient pour attirer les rares clients.

Il n’y avait dans ce paysage ni rivalité ni vanité, même le sommet du Karakal, dominant les toits de tuiles bleues, semblait intégré à cette exquise œuvre d’art.

Les constructions de diverses époques coexistaient harmonieusement. En longeant une rue étroite bordée de commerces menant à la vieille ville, j’étais captivé par le charme désuet des maisons de pierre. Certaines, figées dans le temps, arboraient des balcons en bois sculpté. Les portes en bois massif s’ouvraient sur des cours intérieures secrètes. Depuis une colonnade, des marches descendaient dans un jardin, où une irrigation savamment orchestrée alimentait un étang tapissé de lotus. Leurs feuilles, si rapprochées, formaient un sol de briques vertes et humides.

Tout autour, une ménagerie de lions, dragons et licornes de cuivre, figés dans une férocité stylisée, accentuait la paix environnante. Le tableau, parfaitement proportionné, attirait l’œil d’un endroit à l’autre, sans heurts. Il n’y avait dans ce paysage ni rivalité ni vanité, même le sommet du Karakal, dominant les toits de tuiles bleues, semblait intégré à cette exquise œuvre d’art.

En passant le long d’un cloître, je découvris une terrasse surplombant la vallée. L’odeur des tubéreuses, m’assaillit. En continuant mon chemin, je remarquai de petits ateliers où l’odeur du cuir tanné se mêlait à celle des épices, embaumant l’air. Les parfums de cumin, de safran et de cardamome se mêlaient aux effluves de bois et de teinture.

Au détour d’une ruelle, la mosquée de Gulmit surgit soudainement devant moi, imposante et majestueuse. L'étroitesse des rues faisait ressortir encore plus son immensité. Les murs en pierre, surmontés de tuiles colorées, racontaient des siècles de prières silencieuses. Les minarets élancés se détachaient contre le ciel, tandis que la grande coupole brillait doucement sous le soleil.

Spendiar m’attendait sous le minaret, vêtu de sa longue robe couleur safran qui contrastait avec sa peau légèrement hâlée. Ses yeux noirs perçants dominaient son visage, encadré par une barbe soigneusement taillée. Après une accolade chaleureuse, nous empruntâmes une ruelle adjacente pour pénétrer dans la mosquée Jama Masjid Ahl-e-Sunnahla par une porte dérobée.