La Chute de Kunduz



Devant nous, Kunduz se dressait presque à portée. Depuis les hauteurs les légionnaires scrutaient la ville, fascinés par la madrassa Takharistan et la citadelle de Bala Missa dont les lumières scintillaient sous le soleil hivernal.
J’ordonna à tous les officiers de faire allumer des feux, transformant les pentes du Deh Nahr-e Jadid en un gigantesque brasero.
Autour des braises d’un feu de camp, je discutais avec Choegya et Ouldarai. Ce dernier, d’une voix grave, annonça : « – L’heure approche. Demain, nous attaquerons la ville aux premières heures. Les talibans nous attendent de pied ferme, préparez-vous à de lourdes pertes. » Cette sombre prédiction pesait lourd sur nous, et il était essentiel de maintenir le moral des troupes. Pour leur insuffler force et courage, j'avais promis deux journées entières de pillage à Kunduz en échange de leur bravoure. Toutefois, j'avais fixé une condition stricte : aucune profanation de cimetière ne serait tolérée, sous peine de mort.
Pour affoler l’ennemi avant même de le combattre nous eûmes recours à une ruse, j’ordonna à tous les officiers de faire allumer des feux, transformant les pentes du Deh Nahr-e Jadid en un gigantesque brasero. La montagne elle-même semblait presque en feu semant la terreur parmi les assiégés.
Daler que j’avais envoyé en repérage dans la ville me rapporta que les plus folles rumeurs circulaient dans la ville assiègée, les talibans s’imaginaient que nous avions déployés des troupes en masse pour encercler Kunduz, la peur semblait s’insinuer dans leurs esprits déjà fragile. je regagnais la tente de commandement pour m’entretenir avec Ouldarai : « – Le plan semble avoir bien fonctionné, les talibans ne savent plus où donner de la tête. » j’échangeais un sourire. « – C’est le moment d’exploiter cette confusion à notre avantage, les jours qui viennent seront décisif. »
Choegya, qui scrutait Kunduz à travers une paire de jumelles, nous interpella : « – Venez voir, une longue file de pick-up quitte la ville, cela sent la déroute. » Ouldarai interrogea Choegya : « – Combien de défenseurs restent-ils à votre avis ? – Des centaines, peut-être plus, » répondit Choegya. Puis il reprit son souffle. « – Ils semblent s'être repliés sur des positions défensives, nous ne leur laisserons aucune chance. »
Ouldarai soupira et déclara : « – Il ne faut jamais sous-estimer son ennemi. Préparons les hommes pour l'assaut. Nous attaquerons à l'aube.» Au lever du jour, des murmures répétés à voix basse se propagèrent le long de la colonne avant que notre armée ne se mette en mouvement. Notre avancée dans la ville était impressionnante, les cavaliers Kirghiz et Tibétains, exhaltés, poussaient des cris qui résonnaient à travers les montagnes, ravageant les paysages sur notre passage.
Malgré l'interdiction formelle de Choegya, le bataillon tibétain hissa fièrement le long ruban bleu de la bannière bouddhiste, qui désormais accompagnerait notre progression, tout comme les hennissements des chevaux résonnant dans la plaine. Cette démonstration de ferveur religieuse insuffla un nouvel élan à nos troupes. Les cavaliers, en parfaite symbiose avec leurs montures, formaient une force indomptable, balayant tout sur son passage. En atteignant les faubourgs poussiéreux de Kunduz, notre légion, avançait méthodiquement, reprenant chaque mètre de terrain et infligeant de lourdes pertes aux forces talibanes.
Après avoir conquis les faubourgs, les troupes talibanes qui battaient en retraite devant notre avancé, offrant peu de résistance. Nous infligions des punitions sévères aux rares récalcitrants, les murs des constructions tremblant sous le galop de nos chevaux. Les cavaliers tibétains et Kirghiz, notoires pour leur absence de compassion, se distinguaient par leur extrême fanatisme et leur brutalité. Leur fureur implacable terrifiait même les combattants talibans les plus endurcis. Les rues de la ville résonnaient des cris de douleur et de désespoir des vaincus, tandis que les flammes consumaient les boutiques du marché.
Au bout d’une heure de combat, nos cavaliers progressaient maintenant au milieu de corps enchevêtrés. Les sabots de nos montures écrasaient des morceaux d’os et de dents quand nous ne glissions pas dans des flaques de sang. La scène était macabre, et le sol jonché de débris humains rendait les opérations de nettoyage insupportable. Je fis ordonner de laisser la vie sauve à quelques talibans afin qu'ils nous évitent d'avoir à transporter les cadavres qui jonchaient les rues jusqu'à la fosse commune. Les corps étaient si lourds et imprégnés de sang que les prisonniers talibans devaient se mettre à quatre pour les transporter.
L'entrée dans l'enceinte de la ville se fit dans un silence de mort. Les rues étaient vides, les habitants terrés chez eux, barricadant portes et fenêtres. Ils avaient à peine eu le temps de faire des provisions pour résister en cas de siège. Les rares détachements talibans qui tentèrent de bloquer notre progression furent accueillis par un feu nourri. Quelques combats de rue éclatèrent çà et là avant d'être rapidement réprimés dans le sang.
Les détachements tibétains et Kirghiz de notre armée déchaînaient leur brutalité sur les talibans, réduits à implorer pour leur survie. Lors d'une discussion avec Ouldarai et Choegya, ce dernier, profondément choqué par les scènes auxquelles il assistait, déclara : « – Il faut mettre un terme à tout cela, la ville est à nous à présent. » Je lui répondis avec autorité : « – Attendons encore quelques heures, la ville sera pacifiée d'ici là. Je propose que nous reprenions notre progression dès demain. »