Bâmiyân.

Le sanctuaire oublié

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Antoine Stevenson
Antoine Stevenson

La salle de lecture, aérée et spacieuse, était éclairée par une mince lueur perçant la voûte. Elle contenait une multitude de livres rangés dans des baies et des alcôves. Nous nous enfonçâmes plus profondément dans le cœur silencieux de la grande salle, où chaque pas sur le sol de pierre résonnait doucement. Suivant Spendiar à travers ce sanctuaire, chaque étagère que nous longions semblait contenir des siècles d'histoire. Il semblait que la meilleure littérature du monde était rassemblée ici, avec une quantité incroyable d’ouvrages aux titres obtus et curieux dont personne n'avait entendu parler.

Les écrits de Xuanzang me rappelaient les récits des théosophes qui évoquait régulièrement l'existence d'une source d'énergie souterraine cachée dans les montagnes afghanes.

L'atmosphère était chargée d'une odeur de papier ancien légèrement moisi. Des volumes en anglais, tadjik, iranien et russe abondaient, côtoyant une multitude d'autres ouvrages chinois et orientaux. Une section, qui intéressait tout particulièrement Spendiar, était consacrée au mythe de l'Agartha. Nous parcourions diverses raretés, parmi lesquelles La Route vers l’Ouest de Yu Qian, dans sa version originale, Voyages des pèlerins bouddhistes de Samuel Beal, traduit de l'anglais, ainsi que Le Rapport du voyage en Occident du moine chinois Xuanzang. Spendiar examinait ce dernier avec attention et commença à en feuilleter les pages.

Ce manuscrit, rédigé de la main du moine Xuanzang, était celui sur lequel Spendiar et moi avions mené des recherches dans le cadre de nos études de théologie. Bien que de confession ismaélienne, nous étions profondément fascinés par le bouddhisme et par les tribulations du moine Xuanzang, qui avait joué un rôle crucial dans la diffusion du bouddhisme en Chine et en Asie centrale.

Alors qu'il feuilletait les pages du manuscrit, Spendiar murmurait inlassablement une phrase en sanskrit : « – Caitanyavardhanaṃ nirvāṇaṃ prati mārgadarśakaṃ ca gūḍhaśakti. » Il parcourut le livre jusqu'à un passage qu'il avait marqué au préalable. Une fois la page retrouvée, il m'expliqua sa signification : « – L'augmentation de la conscience, un guide vers le nirvana et le pouvoir secret. » D'après Spendiar, les écrits de Xuanzang indiquaient l'existence d'une énergie cachée dans les profondeurs de la terre.

Spendiar reprit : « – à la fin de la page Xuanzang localise cette force dans les grottes de Bamiyan en Afghanistan. Ces grottes ont toujours éveillées la curiosité et sont restés dans l’histoire comme l’un des principaux foyers du bouddhisme». Il marqua une courte pause, puis développa : « – Cette énergie qui vibrerait sous les falaises de Bamiyan pourrait expliquer l’essor du sanctuaire. Bamiyan n’était pas seulement un lieu de prière, c’était une ouverture vers des niveaux supérieurs de conscience.

Je suis convaincu que c’est cette force qui a attiré moines et pèlerins, tous aspirant à atteindre l'élévation. Les écrits de Xuanzang me rappelaient les récits des théosophes qui évoquait régulièrement l'existence d'une source d'énergie souterraine cachée dans les montagnes afghanes. Revigoré par cette idée, nous avons passé des heures à débattre des implications de notre découverte dans la bibliothèque. C’est à ce moment-là que j'ai lancé une proposition un peu folle à Spendiar : suivre les traces du moine Xuanzang à la recherche de cette mystérieuse source d'énergie dans les montagnes afghanes.