Bâmiyân.

La Capitulation de Tachkent

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Antoine Stevenson
Antoine Stevenson

Le départ des troupes se fit dans une atmosphère électrique. Cavaliers et fantassins, portant la bannière bouddhiste, formaient une mosaïque impressionnante, soulevant des nuages de poussière dès le lever du soleil. La campagne jusqu’à Tachkent fut rapide et brutale. Sans ménagement, Ouldarai s'empara des bourgades qui se dressaient sur son chemin, les réduisant à l’état de ruines fumantes.

Le drapeau de la légion sogdienne flottait au-dessus de tous les bâtiments de la ville.

Choegya, passé du statut de fidèle compagnon de route à celui de général d’empire s’était forgé une réputation de fin stratège. Son regard perçant, rappelant celui d’un loup des montagnes, contrastant avec sa barbe blanche sur le teint hâlé de son visage. Vêtu d'une tunique épaisse ornée d'argent et chaussé de bottes en cuir épais, Choegya se révéla être un commandant d'une audace et d'une compétence remarquable.

Alors que nous nous apprêtions à quitter Samarcande à la tête d’un escadron de cavalerie pour venir en aide aux troupes de Choegya, nous fûmes brutalement stoppés dans notre progression par les troupes de l’armée ouzbèke dirigées par le général Ulugh Beg Mirzo. Heureusement, les hommes d’Ouldarai remportèrent une victoire écrasante après trois jours et trois nuits de combat acharné, laissant la steppe jonchée de corps de soldats ouzbeks.

La capture de Zhibek Zholy par les troupes de Choegya marquait un tournant décisif dans notre campagne. Progressant sans relâche, ils atteignirent un gigantesque réservoir, essentiel pour l'approvisionnement en eau de Tashkent. Avec la prise de ce site stratégique, la ville se trouvait désormais vulnérable.

Cependant, la présence d'une importante garnison de l’armée ouzbèke à proximité soulevait des craintes quant à un possible enlisement du conflit. Soucieux d’éviter une confrontation directe et incertaine, Choegya choisi d’empoisonner les eaux du réservoir condamnant ainsi les nombreux habitants de Tashkent à une mort certaine tout en brisant le moral des défenseurs.

Il patienta deux jours au nord de Tashkent, près de la frontière kazakhe, laissant les eaux contaminées décimer les rangs ennemis. Ensuite, le bataillon de Choegya reprit magistralement sa route vers le sud, avançant le long de la voie rapide. Nos hommes rejoignirent les troupes de Choegya dans les faubourgs de Tachkent, juste avant de pénétrer dans l’enceinte de la ville.

De là, nous progressâmes rapidement, franchissant successivement les différents rubans d’asphalte qui ceinturaient la ville. Le centre historique n’était désormais plus qu’à un jet de pierre. Beaucoup de soldats ennemis avaient renoncé à combattre, et seuls quelques habitants semblaient encore déterminés à résister.

La population que nous pensions acquise à notre cause au début de l’invasion s’était retournée contre nous suite à l’empoisonnement des eaux du réservoir. Des habitants désespérés tentaient de s'interposer pour nous bloquer le passage, nos cavaliers se chargeant de leur infliger les pires supplices.

Pendant ce temps, les hommes d’Ouldarai progressaient au sud de la ville, longeant le lit asséché du Chirchiq. Ouldarai, s'empara de tous les hameaux le long de la rivière jusqu'aux quartiers industriels de Chartak, dans les faubourgs sud de la ville. Là, des usines avaient été sabotées avant leur arrivée, et des émanations toxiques s’échappaient des hangars éventrés.

Après deux jours de combat, nos forces, ayant infiltré la ville par le nord, rejoignirent les unités d'Ouldarai. À présent, nous avions la mainmise sur presque toute la ville, à l'exception de son centre historique. Les hôpitaux étaient débordés, submergés par les victimes de la contamination des eaux, un fléau bien plus destructeur que ce que nous avions anticipé.

En cette fin de matinée, nous donnâmes l’ordre à tous les bataillons dispersés autour de Tachkent de se rassembler sur l’immense esplanade du complexe Imam. Chaque jour, des centaines de cavaliers venus de tous les coins de l’Afghanistan ou de la vallée du Ferghana nous rejoignaient, émergeant dans un tourbillon de poussière. Le nombre de nos hommes stationnés à Tachkent avait doublé, passant de deux cent mille à plus du double, grâce à l'intégration de mercenaires ouzbeks.

L'anneau central de la ville, dernier obstacle à notre avancée, était ravagé par des émeutes incessantes. J'envoyai Choegya et Ouldarai porter une demande de reddition adressée au président Chavkat Mirziyoyev. Les termes étaient limpides : « – Toutes les provinces de la République d'Ouzbékistan sont tombées entre nos mains. Il ne vous reste plus qu'une poignée de rues dans l'anneau central de la ville. »

Les dirigeants ouzbeks entourant le président répondirent positivement, acceptant la capitulation en échange de l'extradition de leurs dirigeants vers un pays allié. Le général Ouldarai, accompagné de Choegya, furent reçus avec considération, et aucune atteinte à leur intégrité ne fut tentée.

Le principal point d'achoppement durant les négociations avec le président ouzbek concernait notre exigence d'incorporer la garde présidentielle ouzbèke, réputée pour sa bravoure et sa férocité, au sein de notre armée. Les dirigeants ouzbeks étaient fermement opposés à cette idée. Cependant, l’effondrement de l’armée ouzbek ne leur laissait guère de marge pour refuser nos demandes, et il semblait inévitable qu'ils finiraient par céder.

Après quelques jours de tergiversations, le clan présidentiel accepta finalement de finaliser les termes du retrait de leurs troupes du centre de Tachkent. Parallèlement, le général Ulugh Beg Mirza se retira dans les monts Ugam-Chatkal, à l'est de la ville.

Nous prîmes possession de la réserve d'or consignée dans les coffres de la Banque Centrale d'Ouzbékistan. Le directeur de l'institution vint en personne nous remettre les clés. Les termes du traité accordaient quarante-huit heures aux autorités ouzbèkes pour évacuer leurs soldats du centre-ville. Ce délai fut respecté scrupuleusement, et une fois écoulé, le drapeau de la légion sogdienne flottait au-dessus de tous les bâtiments de la ville.